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Libération

Face aux piles. Delerm, deuxième gorgée.Philippe Delerm. Il avait plu tout le dimanche. Mercure de France. 117pp. 82F.

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publié le 8 janvier 1998 à 22h05

Ce peut être cruel, de décrocher le jackpot avec le best-seller ­

celui qu'une jeune notoriété a fait accrocher aux branches du sapin, entre deux boules et un téléphone portable. Je veux parler avec retard de La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, et en avance de Il avait plu tout le dimanche (en librairie mardi dernier), de Philippe Delerm. Dans la foulée du premier, le second se vendra; machinalement, opportunément, sans génie ni aucune pitié pour son poulain, l'éditeur a bâillonné Il a plu... d'un bandeau rouge identifiant Delerm: auteur de La première gorgée de bière... Et c'est comme si tout Delerm s'en trouvait bâillonné. Comme s'il n'avait rien écrit avant ni ne pouvait plus rien écrire après, qui ne le renvoie à sa dégustation de houblon, son grand oeuvre, son désespérant chef-d'oeuvre.

Comme je sens que je vais encore me faire des amis, il me faut au préalable affirmer que je tiens Delerm pour un honnête homme, certainement, que j'assure ici de toute ma sympathie. J'ai lu ses plaisirs minuscules comme quelques centaines d'autres milliers de lecteurs, dont mon libraire affirme que ceux-là auront peut-être achevé l'ouvrage et l'année en se disant qu'ils auront lu au moins un livre («un petit livre» - mais mon libraire est désabusé). J'y ai retrouvé, comme tout le monde, le goût doux-amer des dictées que nous infligeaient nos bons maîtres de la communale, ou de ces rédactions que consciencieusement nous torchions, quand les mêmes bons maîtres nous enj