le titre de «une» le plus célèbre de la presse mondiale aura cent
ans le 13 janvier. Georges Clemenceau, directeur politique de l'Aurore, l'a trouvé. Emile Zola, bien sûr, a écrit l'article. J'accuse ...! est en soi une bombe dans un contexte où l'écrivain a toujours privilégié la métaphore de l'explosion. Zola démonte la mécanique infernale qui a condamné Dreyfus et vient d'acquitter Esterhazy. Il se trompe un peu sur le nom des responsables car il ne peut pas tout savoir. Mais il explique comment les chefs de l'armée française ont empêché que la vérité éclate: «Non! le crime était commis, l'état-major ne pouvait plus avouer son crime.», et rappelons, pour l'anecdote, que l'écrivain a connu dans sa vie privée les affres du secret et de la culpabilité. On connaît surtout la fin du texte, où, en une volée de «J'accuse», Zola fait ce qu'il faut pour aller au procès. En même temps qu'il invente le coup d'éclat médiatique, Zola inaugure un type de soupçon très moderne, lui aussi, puisqu'il culmine de nos jours: le soupçon d'autopromotion, de narcissisme. Les bonnes causes serviraient plutôt les stars qui prétendent les soutenir. On lira un florilège d'insultes en ce sens dans le petit dossier proposé par Philippe Oriol («Librio»). Henri Rochefort: «Nous n'avons cessé de répéter, ici même, que l'intervention de Zola dans la campagne Dreyfus était une simple et vulgaire réclame de la librairie. Il a pesé les dangers auxquels il s'exposait en prenant violemment parti dans cette bag