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Attendu que William Gaddis...

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Il est un des écrivains vivants les plus réputés. Il publie à soixante-quinze ans «le Dernier Acte», son quatrième roman, consacré à l'usage légal que les Américains font de la loi. Il vit à trois heures de bus de New York. Rencontre avec William Gaddis.
publié le 15 janvier 1998 à 16h09

East Hampton, envoyé spécial.

«en saison, on ne voit ici que des BMW et des Mercedes», dit William Gaddis au volant de sa Volvo. Son habitation principale est désormais dans une partie chic de Long Island où de riches New-Yorkais ont leur résidence secondaire. A 75 ans, l'écrivain passionné par le vrai et le faux, l'original et la copie, a abandonné New York, mais la fascination de la ville le tient encore. «New York est sale, cher, pas particulièrement sûr. Mais j'ai plus que de la sentimentalité à son égard. Je fais encore ce rêve étrange, je suis dans un 747 qui descend dans la ville, les buildings sont à côté de nous, au-dessus de nous, et aucun passager n'a aucune inquiétude.»

Sur la table de sa maison de East Hampton, un livre sur Thomas Bernhard. Accrochée au mur de son bureau, une photo de l'écrivain autrichien. C'est leur capacité à «l'obsession» qui rapprocherait les deux auteurs. «Je travaille actuellement à un livre sur le piano mécanique qui m'obsède depuis exactement cinquante ans. C'est entre fiction et histoire sociale. Je vois le piano mécanique comme le grand-père de l'ordinateur, l'ancêtre de tout le cauchemar où nous sommes, la naissance d'un monde binaire où on n'a le choix qu'entre oui et non et où il n'y a pas de refuge.» «Je parle du fascisme, c'est là qu'aboutit cette obsession de l'ordre», dit un personnage du Dernier Acte (titre original: A Frolic of His Own) dès la première page. Centré autour d'extravagantes aventures juridiques, le quatrième rom