A propos d'Emmanuèle Bernheim et de son dernier ouvrage, il n'y
avait, me dis-je d'abord, pas tant à dire, que je lui consacre autant de feuillets qu'elle a écrit de romans (quatre). Mais avec qui l'apparier, Bernheim, et pour tenter de découvrir quel symptôme? La dame se révélant, dans son être écrivant, célibataire autant que ses héroïnes, je me suis résolu à la marier à elle-même; et, avec la maniaquerie qui caractérise ses personnages, me suis plongé dans l'oeuvre complète d'Emmanuèle Bernheim. Oh, pas grand-chose, en quantité (quatre fois, donc, une centaine de pages en «écrit gros»), mais d'une traite: Vendredi soir, d'abord, avec un scepticisme léger; puis Sa Femme, pour identifier le canon d'un prix Médicis 1993; puis le Cran d'arrêt, pour me rafraîchir le souvenir d'un livre regardé lors de sa sortie, en 1985; et enfin, au point où j'en étais et afin de boucler la boucle, Un couple (1987). Une fois épuisée la bibliographie, l'opuscule ultime, comme lesté par les précédents (1), en avait rétroactivement et paradoxalement acquis une sorte d'épaisseur.
Vendredi soir est un tout petit objet, maigre et plat, et dont a priori on ricanera volontiers, comme je me suis laissé aller à faire au court cours de ma première lecture. On le résumera sans le trahir en deux propositions principales: un soir, une femme rencontre un homme; au matin, elle le quitte. Le propos de Bernheim n'étant pas érotique (je veux dire que Vendredi soir n'est formellement pas un livre de cul), précison