L'Identité, le huitième roman de Milan Kundera, est aussi bref et sec qu'une carte du même nom. Chantal et Jean-Marc s'aiment. Un jour Chantal remarque avec mélancolie que les hommes ne se retournent plus sur son passage. Pour lui montrer que ce n'est pas vrai, Jean-Marc se met à lui écrire des lettres anonymes d'admiration. D'abord flattée, elle découvre bientôt la supercherie et se fâche: il proteste de sa bonne foi, il a agi ainsi pour lui prouver tout son amour. Ils se séparent, se retrouvent aussitôt à Londres, se réconcilient et décident de ne plus se quitter. Happy end.
Et l'identité? Dans la vie, Jean-Marc trafique de tout un peu, moniteur de ski, dessinateur, journaliste; il vit désormais chez Chantal dans une «marginalité luxueuse», vaguement inquiet sur son existence. Chantal est dans la pub, une «citadelle de conformisme» où elle doit imaginer des campagnes hilarantes pour son patron, un cynique féru de Marx et de Freud. Mais elle est capable de se dédoubler, de porter «le visage sérieux» au bureau, «le visage qui se moque» avec Jean-Marc. Il y a quelques années, Chantal a perdu son enfant de cinq ans, mais finalement elle parvient à s'en réjouir car cette mort lui a fait changer de vie, quitter son mari, rencontrer Jean-Marc... Quant à celui-ci, qui se découvre d'une incroyable froideur avec un des anciens amis en train de mourir à l'hôpital, lui aussi peut se diviser. Amant de Chantal, il joue également le rôle de l'épieur, celui qui écrit des lettres anonymes e