Ces strips, composés chacun de quatre vignettes, racontent en noir
et blanc l'Afrique du Sud contemporaine, celle de l'après-apartheid. Madame est blanche, Eve est noire. Madame est la patronne, Eve l'employée. A la différence de classe s'ajoute donc la différence raciale. Madame voudrait bien ne pas être raciste, elle est pleine de bonne volonté, mais ses réflexes la trahissent. Son fils passe à la maison lui présenter la jeune Noire avec qui il va se marier. Madame est atterrée (Eve aussi), mais elle veut n'avoir l'air de rien, elle propose au contraire de fêter l'événement, elle sort du vin pour l'occasion. Lapsus: «Vous voulez du blanc ou du noir?» Quand son fils lui annonce qu'il veut cette union parce que «je suis arrivé à la conclusion qu'en réalité je suis un homme noir, prisonnier du corps d'un homme blanc», c'est au-delà de ce que Madame peut supporter, quoi qu'elle dise. Elle quitte la pièce où est le jeune couple multiracial pour croiser Eve et la prévenir: «Si on me cherche, je suis à la cuisine, la tête dans le four.»
Créé en 1992 dans deux journaux sud-africains, Madame & Eve a tout de suite été accueilli avec succès et les strips sont aujourd'hui publiés dans dix journaux dans le monde, en particulier dans les pays scandinaves. Tout y dit le désarroi des Blancs face à la nouvelle situation (l'abolition de la législation anti-apartheid date de 1991). Madame achète un coûteux mannequin de gardien pour assurer la sécurité de l'appartement, et les voleurs parten