L'atmosphère que crée Pascal Rabaté, né à Tours en 1961, est celle
d'un réalisme onirique, et plus précisément cauchemardesque. Il dessine en très noir et un peu gris. Les Pieds dedans, paru pour la première fois en intégrale et sans couleurs, est la lamentable saga en trois épisodes (Villa Mon rêve, A la noce comme à la noce et Dans la dentelle) de la famille Vizon, composée d'exclus de la société. Un Ver dans le fruit dit le surgissement dans une querelle viticole d'un nouveau curé de campagne dont la bienveillance, exceptionnelle chez un personnage de Rabaté, provoque les pires catastrophes. Car la confusion est au coeur de cet univers. On tue sans le vouloir, on tue qui on ne veut pas, on ne tue pas qui on veut, et, dans les Pieds dedans, la vieille femme à qui il faut payer son viager résiste au contraire exagérément, persistant à demeurer vivante. Les erreurs ne sont pas toujours criminelles. Le curé passe de la musique de variété aux paroissiens réunis dans son église parce qu'il croyait avoir enregistré le son des cloches et non le mariage de Léon, un garçon et une fille se retrouvent chacun avec le slip de l'autre pour s'être rhabillés trop précipitamment après l'amour (et alors même que le sexe de chacun ne prêtait pas à confusion, comme ce n'est pas toujours le cas), un employé des pompes funèbre se fait virer pour avoir gravé «Ducul» au lieu de «Duluc» sur du marbre de Carrare. Dans le monde misérable de Rabaté, les relations familiales ne sont pas la moindre hor