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Libération
Interview

Loustal: «J’aime bien regarder les heures passer»

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Rencontre dans un atelier frisquet, d’où sort pourtant «Kid Congo», avec Jacques de Loustal, voyageur nonchalant aux ambiances tropicales qui ne s’ennuie jamais quand il n’a rien à faire.
publié le 22 janvier 1998 à 16h40

Il y a un romanesque propre à Loustal. Chaque peinture, chaque case de bande dessinée qu’il crée renvoie aussitôt à une atmosphère particulière, faite de lenteur et de nostalgie, perpétuellement évocatrice d’un exotisme familier. Jacques de Loustal est né à Neuilly en 1956. C’est Philippe Paringaux, son scénariste aujourd’hui pour Kid Congo, qui l’introduit à Rock & Folk. Car, comme le cinéma, le rock est partie intégrante de l’univers de Loustal (même si c’est au jazz qu’il doit son plus grand succès, 40 000 exemplaires vendus de Barney et la note bleue, également sur un scénario de Paringaux). Il a déjà fait des albums tout seul et envisage de réaliser lui-même des adaptations (d’Henri Calet ou Simenon, si se règlent les problèmes de droits), mais la passion de Loustal est évidemment l’image.

Kid Congo, qui commence en 1912, raconte l’histoire d’un Noir, amant d’une propriétaire blanche, et qui doit partir pour la France après un meurtre qu’il n’a pas commis. Là, la vie de l’homme et de la femme devient de plus en plus difficile, Kid Congo connaît la misère et la gloire comme boxeur, il subit l’exploitation sexuelle réservée aux Noirs supposés spécialement compétents, la prison, le Front, l’amputation. Le sort de «Maman Rose» n’est guère meilleur. L’album est l’histoire de leur lien. Les Carnets de voyages (le premier volume est une réédition) sont les croquis légendés faits par Loustal durant plus de quinze ans au Maroc, en Crète, en Is