Bruxelles, de notre correspondant
Le numéro162 de l'avenue Louise, à Bruxelles, est un immeuble quelconque comme la capitale belge sait si bien en construire. Il faut scruter attentivement la sonnette de l'entrée pour s'assurer que c'est bien là que siège la «Fondation Hergé», qui préserve l'oeuvre du père de Tintin c'est elle qui organise l'exposition «Hergé et l'Alph-Art» à Angoulême, et «Moulinsart SA», le versant mercantile de l'héritage hergéen: 54 millions de francs de chiffre d'affaires en 1997. On pouvait s'attendre à plus d'ostentation: après tout, c'est là qu'Hergé, ce symbole de la Belgique des temps heureux, a installé ses studios au début des années 50. Mais les héritiers de Georges Rémi aiment la discrétion. Et depuis qu'ils ont été accusés au début de l'année dernière par les «tintinophiles» de mettre l'oeuvre en danger de mort à force de vouloir en pressurer le moindre franc, on frôle la paranoïa. Les héritiers? La seule légataire est, en fait, Fanny, celle qu'Hergé épousa en seconde noce en 1977, aujourd'hui âgée de 64 ans. Mais Nick Rodwell, élégant homme de 45 ans, citoyen britannique, qui rencontra Fanny en 1986 avant de légalement convoler en octobre 1993, a, sans conteste, la haute main sur la gestion de l'héritage (lire ci-dessous). L'homme est méfiant. Très méfiant. Rencontrer son épouse? «Hors de question. Le quotidien c'est moi.» Va pour lui. «Et surtout pas de photos, j'ai horreur de ça.» Nick Rodwell, qui «n'a jamais rencontré Hergé», ne fait p