Montpellier, envoyé spécial,
Lewis Trondheim ne s'appelle pas Lewis Trondheim, il a choisi Lewis parce qu'il avait trouvé un graphisme au poil pour l'écrire, et Trondheim parce qu'il cherchait un nom de ville qui ne fasse pas trop français. Autant dire qu'il a bien failli s'appeler Nidaros, puisque c'est sous ce nom-là qu'Olaf Tryggvesson (le petit fils de Harald aux Beaux Cheveux) fonda Trondheim pour en faire la capitale de la Norvège en 997. Mais depuis ce temps beaucoup d'eau a coulé sous le pont Elgerseter, dans le dernier méandre de la Nidelva. Lewis Trondhein est un homme de 33 ans, fin comme un oiseau, le bec jaune et crochu, une crête blanche de trois houpes, quatre doigts à chaque main, un trait épais et continu marque son regard, et quand il rit, les poules lui envient sept ou huit dents dans le bec. Enfin, c'est ainsi qu'il se dessine, en noir et blanc, dans son album autobiographique, Approximativement en 144 planches et quelques commentaires des tiers cités, paru en 1995 aux Editions Cornélius. L'album commence comme dans la vie par ces mots: «Comme si ce n'était pas suffisant de ne pas savoir bien dessiner, en plus, je bâcle.»
Mais contrairement à ses albums, la vie de Lewis Trondheim est sans histoire. Il est né à Fontainebleau, ses parents sont libraires, «on vivait au dessus de la boutique, dans la chambre des enfants il y avait aussi le bureau de mon père, et les stocks de livres de poche. Mettons que ça m'a donné l'idée de faire des livres». Il fait une p