Il y a de ces livres qu'il faut bien regarder comme une poule
considère un téléphone portable: un réceptacle à tant de mots, mais pour dire quoi? Considérons Jean-Claude Guillebaud, grand voyageur, respecté journaliste et écrivain éditeur (bons dieux! comment fait-il pour faire autant, et comment fera-t-il quand les 35 heures?), et considérons son dernier essai, dont il ne faut pas douter qu'il devrait donner lieu à force gloses et moult polémiques plus ou moins artificielles, car ce pavé semble d'abord formaté pour ça. Quoi de mieux, en vérité, pour nourrir le bavardage sociétal et atteindre à la figure sereine et suprapartidaire du moraliste, que de disserter sur ce bon vieux retour de cette bonne vieille morale sexuelle?
Soit, donc, le constat en deux temps, qui a valeur de problématique: 1) en 1968, une «révolution sexuelle» qui s'annonce comme le gros morceau éditorial d'un trentième anniversaire (suivez mon regard), nous libéra; 2) trois décennies plus tard, revisité et récupéré par l'économie de marché, mesuré partout en termes de «performance», le sexe omniprésent ce «tyran Eros», comme dit Platon , passé du statut de «culture» à celui de «fonction», nous fait une autre violence (une «tyrannie») d'avoir été excessivement libéré. D'un excès l'autre, donc, ce retournement, qui nous aurait vu passer, en gros, de Tony Duvert à Marc Dutroux, cette bascule qui érige le marché et le droit pénal en seuls régulateurs des pulsions, consacre une glaciation répressive, aussi a