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Libération
Critique

Kureishi Blues. Un recueil de nouvelles de l'Anglo-Pakistanais Hanif Kureishi comme autant d'explorations des marges, éthniques ou intellectuelles. Hanif Kureishi, Des bleus à l'amour, Traduit de l'anglais par Géraldine Koff-d'Amico, Christian Bourgois éditeur, 317 pp., 130 F.

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publié le 29 janvier 1998 à 17h12

Un chauffeur de taxi londonien d'origine pakistanaise est en plein

désarroi de voir son fils devenir musulman intégriste. «Nous sommes en Angleterre. Nous devons nous intégrer!», tente-t-il de lui expliquer. «C'est ça le problème», lui rétorque son fils. «Tu es trop impliqué dans la société occidentale.» «Mais j'aime l'Angleterre», insiste le père. «On peut y faire presque tout ce qu'on veut.» «C'est bien là le problème», répète l'autre, obstiné. Les rapports entre les deux hommes se dégradent rapidement. Un soir, excédé des discours enflammés de son fils, le père le roue de coups. «Le garçon ne se protégeait pas et ne lui rendait pas non plus ses coups. Il n'y avait aucune peur dans ses yeux. Il lui dit juste, entre ses lèvres fendues: ­ Alors, qui est le fanatique maintenant?»

«Mon fils le fanatique», qui vient d'être adapté au cinéma par Udayan Prasad, est l'une des dix nouvelles qui composent le premier recueil de Hanif Kureishi, Des bleus à l'amour. Né à Londres en 1954 de père pakistanais et de mère anglaise, l'auteur s'est déjà penché, dans le Bouddha de banlieue et Black album, ses deux romans traduits en français (1), sur les problèmes liés à l'immigration et notamment sur la séduction que peut exercer l'intégrisme auprès des jeunes en leur procurant un sentiment d'identité et de fraternité cruellement absent de leur vie quotidienne d'immigré. Deux autres nouvelles de Des bleus à l'amour abordent ces questions. Vraisemblablement autobiographique, «Nous ne sommes pas