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Libération

La maison de papier

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L'ermitage de Flaubert ne lui a pas survécu. A un kiosque près.
publié le 29 janvier 1998 à 16h05

Croisset, envoyé spécial.

Il ne reste pas grand-chose de la maison de Flaubert, aujourd'hui située dans les faubourgs industriels de Rouen, au bord de la Seine: un minuscule musée où, l'hiver, des semaines se passent sans qu'aucun visiteur ne vienne (en saison, il en arrive parfois des cinq continents -­ et du Tarn-et-Garonne à en croire le livre d'or: «Les paysans de Montauban vous saluent.»). A sa mort, Flaubert étant endetté, le bâtiment principal a été détruit pour devenir une papeterie, comme si sa vie et sa mort devaient être menées par la même obsession: se transformer en papier.

Ce qu'on visite aujourd'hui est un kiosque que sa nièce Caroline, qu'il a élevée et par le mari duquel tous les malheurs financiers de Flaubert sont arrivés, a décrit ainsi: «"Le petit salon, tel était le nom que nous lui donnions, a toujours été un lieu de réunion. Il était situé au bout de la longue terrasse de tilleuls qui n'escaladait pas la colline, mais qui lui était adossée; on y menait dans la journée des visiteurs, et le soir, par les temps de lune, mon oncle, assis sur le balcon, aimait à y contempler les eaux tranquilles de la Seine.» Le musée est fait de reproductions de bustes, de meubles, de documents, il y a une gardienne quand même pour le cas où des voleurs ignoreraient que tout y est faux.

La maison avait été achetée par ses parents quand Flaubert était enfant et il y vécut toute sa vie. Ce volume de la Correspondance montre cependant comment il crut devoir la quitter. La pério