L'histoire commence à l'époque où le monde était suffisamment jeune
pour s'appeler Paradis. «Paradis? grommela Adam. Jamais entendu parler.» Contrairement aux lecteurs. Et à Eve aussi. Ils se promènent et l'auteur décrit cette nouvelle contrée. Les éléphants sont aimables, ils sourient des oreilles. Les roses embaument, «comme des folles», précise Jürg Schubiger. Le sable est doux, évidemment. Et la mousse, humide. Mais il n'y a pas d'humain. «Nous allons sans doute devoir nous marier.» déduit Eve de la situation. «Se marier? Jamais entendu ça, dit Adam presque aimable.» Eve est pédagogique: «Se marier, ça veut dire rester ensemble. Mais d'abord il faut que nous nous aimions. C'est ainsi que ça commence. Vous voyez une objection à ce que nous nous aimions?» Adam ignore tout, le fait savoir, mais, après quelques travaux pratiques: «Je ne vois aucune objection, je dirais même que, d'une certaine manière, ça me convient, aimer.»
C'est donc une histoire qui commence avant les sentiments. Avant les pommiers aussi, il n'y aura pas d'arbre de la connaissance. L'auteur explique: «Oui. Mieux vaut qu'on s'arrête ici, pendant qu'ils s'embrassent encore. Dans les contes, ils sont heureux à la fin. Dans les histoires de Paradis par contre, c'est au début. Alors je recommence encore une fois.»
Parce qu'il n'y a pas qu'Adam et Eve qui doivent apprendre la vie, mais aussi les girafes, les étoiles, l'eau. Se réunir en constellations ou se mettre à couler n'a rien de simple. Donc l'auteur, qu