On ne dira jamais assez l'importance du témoignage et des analyses
de Voline sur la période révolutionnaire russe qui va de 1905 à 1921. Publiée pour la première fois en 1947 c'est-à-dire deux ans après la mort à Paris de Vsevolod Mikhaïlovitch Eichenbaum, plus connu sous son nom de «guerre sociale», Voline , sa Révolution inconnue reste, quarante ans après, un ouvrage de référence indispensable. Il est heureux que les éditions Verticales l'aient remise sur le marché (1), en particulier après la controverse qui a suivi la sortie du Livre noir du communisme. Même à la lumière de tout ce qu'on a pu apprendre depuis dix ans sur les méfaits du «socialisme réel», l'ouvrage, dont Voline avait maintes fois esquissé les grands traits dans les articles qu'il confia dès les années 20 à de multiples publications anarchistes, n'a pas pris une ride. A le relire, on en vient à se demander comment on peut encore contester le «lignage» Lénine-Staline, sinon pour tenter de sauver le plus proche compagnon du premier, Trotski. Et on reste étonné par la clairvoyance et la pertinence de ce militant révolutionnaire qui, de l'explosion de 1905 jusqu'à l'épopée ukrainienne de Nestor Makhno (sans oublier, plus tard, l'expérience de la guerre d'Espagne), a vécu la plupart des événements qu'il relate et dissèque, même si sa discrétion, son éternelle volonté de s'effacer devant «les masses», lui interdisent la plupart du temps de se mettre en scène.
La vie de ce dynamiteur du mythe bolchevique est p