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Libération
Critique

Connaissance de la clinique. Roman polyphonique à la deuxième personne du singulier, «la Maladie de Sachs» passe au bistouri la relation médecin-patient et les misères du monde. Si Je est un autre, Dr Winckler, qui est Tu? Martin Winckler. La Maladie de Sachs. POL., 480 pp., 130 F.

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publié le 5 février 1998 à 19h35

D'accord, c'est un gros livre, mais on est loin du bourrage papier.

Sorte d'opéra dont les archipels vont de la «présentation» au «pronostic» via les «antécédents» ou le «traitement», îloté chacun en motifs («Spéculums», «Sutures»), arias et choeurs («Angèle Pujade», «Monsieur Guenot», «Les pharmaciennes»), cent treize au total, on s'y plonge sans peine, naviguant au hasard, enchanté dans le désordre, on reprend tout à la source, on flotte et on ne débarque qu'à regret du cabinet du Dr Sachs.

C'est donc à la campagne, dans une petite ville imaginaire du «canton de Lavallée». Patients, amis et inconnus racontent leur relation avec Bruno Sachs, médecin généraliste: «Je pose mes vêtements (ma chemisette ou mon chemisier, mon short ou ma jupe) sur la chaise placée sous la fenêtre, entre le lit bas et les étagères. Tu te rinces les mains et tu les essuies avec des serviettes en papier que tu jettes dans une petite poubelle métallique à pédale. Je reste debout, en sous-vêtements. Tu reviens vers moi. Tu me désignes le lit bas. ­ Installez-vous je vous en prie.» Médecin comme son héros et comme lui ayant toujours eu besoin de «garder une trace des choses extrêmement riches mais aussi extrêmement pénibles, douloureuses», auxquelles il a assisté, Martin Winckler relatait dans la Vacation (1) ses débuts dans un centre d'interruption de grossesse. Pour son second roman, il persiste à «partir non pas du point de vue du médecin, mais de celui du patient, car le généraliste est également l