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Libération
Critique

Le grand air de la Callar. Cap sur l'Espagne, ses plages, ses raves-parties. L'héroïne du premier roman de l'Ecossais Alan Warner ne va pas trimer toute sa vie au supermarché comme dans les romans prolétariens d'autrefois. Alan Warner. Morvern Callar. Traduit de l'anglais par Catherine Richard. Jacqueline Chambon, 254 pp., 110 F.

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publié le 5 février 1998 à 19h37

Rien de plus empoisonnant qu'un cadavre, mais on ne va pas passer

tout le livre à s'en débarrasser. Pas le problème. Et puis ce suicidé-là n'est pas chien avec les vivants. Il laisse un texte à publier, un héritage et une carte bancaire. Morvern Callar, 21 ans, ayant découvert que son amoureux, 34 ans, s'est tranché la gorge, le garde pour elle. Revenue nettoyer après les fêtes de fin d'année, elle treuille Son corps au grenier afin de le coucher sur la maquette de Son village natal. Deux précisions: seules les majuscules dénotent l'affection qu'elle Lui portait. Quant à ses propres origines, elle est orpheline, elle vient de nulle part. L'été venu, Morvern Callar achète une scie et un couteau à viande, et se déshabille. «J'avale le buvard avec un verre de Rémy Martin et une lampée de Heineken. (") J'y vois pas trop grand-chose. Je me suis enfermé les cheveux sous un bonnet de bain en caoutchouc couleur chair. J'ai mis des lunettes de plongée teintées rougeâtres et un pince-nez sur les narines relié à un cordon fluo. J'ai la ceinture cloutée autour du ventre à même la peau avec le Walkman fixé après et les écouteurs scotchés aux oreilles.» Morvern Callar écoute des «C 90» tout le temps. Elle ne touche qu'exceptionnellement à la drogue qui lui donne des cauchemars. Son amie Lanna, du rayon boulangerie, dit qu'elle regarde trop de films d'horreur.

Enfermés dans des sacs-poubelle, Ses morceaux sont enterrés dans la montagne. «Je sors la tête et je la pose bien loin. Je vérifie