Vivace sous la IVe République on ne compte plus les rues ou les
écoles qui portent son nom la mémoire de Pierre Brossolette a subi depuis une certaine éclipse, comme si la gloire panthéonisée de Jean Moulin avait rejeté dans l'ombre celui qui, sans être nécessairement «le visionnaire de la Résistance», en fut à coup sûr un «héros». La publication de deux ouvrages destinés à éclairer l'itinéraire d'un homme aussi célèbre que méconnu constitue donc une bonne surprise.
Replongeant dans une époque qu'il a bien connue, puisqu'il a appartenu à l'Armée des ombres, Guy Perrier offre un portrait alerte et chaleureux de Pierre Brossolette. Son ouvrage n'évite malheureusement pas les pièges tendus par le devoir de mémoire. Résolument hagiographique, il présente, sans recourir à l'examen rigoureux des archives, une vision sommaire de son héros. Les relations Moulin-Brossolette, le rapport de l'ancien socialiste au général de Gaulle, la place de Brossolette dans la France combattante en 1943 méritaient mieux qu'une approche réduisant par exemple les projets de Moulin à un «plan de fonctionnaire méthodique, classique, sans ampleur et sans souffle». C'est, peut-être, aller un peu vite en besogne.
L'ouvrage de Guillaume Piketty échappe à ces travers en présentant les qualités et les défauts de la facture universitaire. Au passif, une lecture parfois ardue, qui demandera au néophyte quelques efforts. A l'actif, en revanche, une moisson de documents, souvent inédits, et une peinture, re