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Libération
Critique

Le foot, c'est le pied.

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Médiocre footballeur sauf en rêve, l'Uruguayen Eduardo Galeano a réuni en de courts textes comme autant de passes brèves, toutes les facettes de la planète ronde.
publié le 12 février 1998 à 20h09

Cela commence par une confession: «Comme tous les Uruguayens, j'ai voulu être footballeur. Je jouais très bien, j'étais une vraie merveille, mais seulement la nuit, quand je dormais: pendant la journée, j'étais la pire jambe de bois qu'on ait vue sur les terrains de mon pays.» Journaliste, écrivain, auteur notamment des Veines ouvertes de l'Amérique latine, Eduardo Galeano est depuis toujours un fou de foot. Mais il a mis longtemps à le reconnaître, à assumer son identité de supporter: un supporter un peu particulier, sans port d'attache, sans tribune, seulement en quête d'un «miracle» sur gazon, où qu'il se produise et d'où qu'il vienne. Toute sa vie, au hasard de ses voyages, il est allé de par les stades, tel «un mendiant de bon football», implorant, «chapeau dans les mains»: «Une belle action, pour l'amour de Dieu!». En 1995, âgé de 55 ans, après s'être senti toute sa vie «défié par le sujet», mais sans doute comblé par sa moisson, il décide de «faire avec les mains» ce qu'il n'a «jamais été capable de faire avec les pieds»: écrire sur le football «quelque chose qui fût digne de cette grande messe païenne», «demander aux mots ce que la balle, si désirée, (lui) avait refusé». Traduit à la veille du prochain championnat du monde, le Football ombre et lumière est ainsi composé d'une centaine de courts textes, n'excédant pas deux pages. Chacun d'eux est consacré à l'un des multiples aspects du jeu: origines, règles, histoires de clubs, souvenirs de matches et de gestes parfa