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Critique

Les dégradés des gradins. Racisme, fascisme, viol et baston. Plongée, jusqu'à la nausée, dans l'univers des supporters anglais: «Football factory» de John King. John King. Football factory. Traduit de l'anglais par Alain Défossé. Editions Alpha Bleue. 354 pp., 135 F.

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publié le 12 février 1998 à 20h10

Les joueurs n'apparaissent qu'en creux dans la Football Factory de

John King. Et quand ils entrent en action, on reste loin du traité d'esthétique: «Norwich fait une passe superbe qui troue la défense de Chelsea et ces culs-terreux en mettent une au fond des filets. On gueule, on crie à ces enfoirés de retourner à leurs champs de navets (...) Rod les couvre d'insultes. Il est question de bottes en caoutchouc et de l'art d'enculer les truies....» Les joueurs de Chelsea dont la geste sert de fil à l'existence déconfite de Tom Johnson, manutentionnaire dans les faubourgs de Londres, ne sont qu'un prétexte. Autour d'eux, dans un périmètre qui leur est étranger, au coeur des gradins, dans la périphérie des stades, dans les gares, sur les autoroutes, se déploie l'activité des supporters dont John King tient la sombre chronique. Les hooligans sont passés de mode, l'Angleterre et ses clubs cotés en Bourse ont tout inventé pour les tenir éloignés du plus lucratif des sports, mais ils n'ont pas disparu pour autant, restant aussi en vue que la déchéance sociale et la misère affective. John King les connaît parfaitement, il fréquente depuis toujours les gradins de Stamford Bridge, le stade de Chelsea. A l'heure où fleurissait une presse parallèle consacrée au football, il dirigeait Two Sevens un fanzine londonien. C'est là qu'il fait ses gammes.

Selon une formule récemment popularisée dans les jeunes cercles de Grande- Bretagne par Irvine Welsh, auteur de Trainspotting et ardent défenseur