L'Inde actuelle est composée de quatre populations aux origines
distinctes - Indo-Ärya, Dravidiens, Munda et Tibéto-Birmans. Depuis une vingtaine d'années, les recherches les plus diverses, de l'archéologie à la linguistique comparée, de la génétique des populations à la mythologie, ont fait un bond spectaculaire. Toutes ces disciplines ont fini par se répondre, sont devenues complémentaires, et se liguent en somme pour rendre possible une «genèse de l'Inde». Reprenant la formule en guise de titre à sa synthèse historique, Bernard Sergent donne à voir la lente gestation, sur plus de trois millénaires, de la civilisation indienne, dont on ne cesse encore aujourd'hui de mesurer la richesse et la singularité.
Réparties entre les quatre populations évoquées, cinq cents langues sont pratiquées dans cette péninsule bordée au sud par la mer d'Oman et le Golfe du Bengale, et au nord, d'ouest en est, par le Pakistan, la Chine, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh et la Birmanie. L'Inde actuelle fait plus de trois millions de km2, pour 750 millions d'habitants. Outre l'hindouisme et le bouddhisme, on y pratique l'islam et le christianisme, sans oublier le culte des Sikhs. D'une diversité et d'une densité qui n'ont pas d'égal, l'Inde présente en somme la difficulté la plus extrême quand il est question de définir l'identité d'une civilisation. La «genèse» de cette civilisation «requiert la Grèce d'un côté, l'Indochine, la Chine ou l'Amérique d'un autre, la Mésopotamie d'un troisième, enfi