En 1968, s'est constitué en Angleterre un groupe d'artistes se
donnant pour objectif «une forme d'art (qui) peut se développer en prenant comme point de départ de son enquête, l'usage du langage à l'intérieur de la société». Depuis, Art & Language - tel est son nom - n'a cessé, souvent à travers un traitement parodique des images, de s'interroger sur leur fonction au coeur du processus social. C'est à deux des membres fondateurs de Art & Language, Charles Harrison et Paul Wood, que l'on doit Art en théorie 1900-1990, une anthologie monumentale traduite cinq ans après sa parution en Angleterre.
Aux deux questions: «Comment (...) définir l'art moderne?» et «comment (...) circonscrire le champ des intérêts qu'il met en jeu?», les auteurs répondent par une sélection qui écarte à peu près toutes les formes d'art autres que les arts plastiques, jugeant nécessaire de «restreindre d'emblée (leur) compétence». Leur objectif est d'«offrir un panorama de textes sur l'art moderne pendant la durée de vie du modernisme», entendant ainsi «reconnaître l'importance historique de ce système de valeurs», tout en donnant également leur place «aux positions (...) explicitement hostiles au modernisme». Si le modernisme est à leurs yeux «une forme de représentation (qui) suppose certains types de relations entre art et théorie et entre art et langage», ils affirment néanmoins «la priorité d'une expérience esthétique censément empirique sur une appréhension historique articulée sur la théorie».
A vrai