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Libération
Critique

Tsar wars.

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La mafia russe a jeté son dévolu sur Little Odessa, quartier juif de Brooklyn. Bob Leuci raconte dans «Odessa Beach», au travers des aventures d'un caïd, comment des truands, blindés par la violence du système soviétique, ont su trouver leur place face aux parrains vieillissants de la Cosa Nostra. Reportage et rencontre avec l'auteur.
publié le 19 février 1998 à 18h07

New York, envoyé spécial.

Descendez à la station Brighton Beach, ligne D ou Q, et vous n'êtes plus à New York, vous plongez en Russie. Sous le métro aérien, les échoppes, les journaux, les fleuristes, les drugstores, les magasins d'alimentation s'annoncent en cyrillique. Et plus loin, sur le Riegelman Boardwalk, les planches qui bordent la grande plage de Brooklyn, on ne parle plus anglais avec l'accent yiddish, comme à l'époque, dans les années 20, 30, 40, où les juifs du quartier étaient des ouvriers immigrés, mais le russe.

Les dizaines de milliers de personnes qui habitent ce quartier du sud sont en effet russes, des ex-Soviétiques. Les premiers d'entre eux sont venus dans les années 70, quand Brejnev a laissé partir ses premiers refuzniks. Et tous n'étaient pas des rebelles à l'ordre communiste, certains n'étaient que des truands qui opéraient pour la nomenklatura, d'autres des petits cadres de cette gigantesque mafia qu'était le PC soviétique. Et la plupart du temps, ils ne savaient rien de leur judéité. Dans Odessa Beach, le roman de Bob Leuci, un vieux New-Yorkais l'explique d'ailleurs à l'inspecteur Alex Simon, et il ajoute: «Les Russes détestent les juifs. Ils ont toujours détesté les juifs. Même les juifs russes détestent les juifs.»

C'est donc dans ce coin de Brooklyn, que l'on surnomme aujourd'hui Little Odessa, qu'est située la plus grande partie d'Odessa Beach. Il y a même des scènes sur le Riegelman Boardwalk où, encore aujourd'hui, les jours de soleil d'hiver,