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Libération
Critique

Darrieussecq, du cochon au volatil.

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Après le succès-phénomène de son premier roman, «Truismes», Marie Darrieussecq explore dans «Naissance des fantômes» une nouvelle forme de métamorphose. Ou comment la disparition de l'être aimé bouleverse jusqu'au plus profond la chimie des corps. Entretien.
publié le 26 février 1998 à 18h59

Dix-huit mois à peine après Truismes, Marie Darrieussecq revient

avec son second roman, Naissance des fantômes, tiré à 40 000 exemplaires, chiffre somme toute prudent après la folie de son coup d'essai: vendu à l'étranger avant même sa parution, Truismes s'est aujourd'hui vendu à 230000 exemplaires en librairie (à quoi il faut ajouter 70000 exemplaires en club) et a été traduit dans 34 pays. Quant à la débutante, elle joua la comédie médiatique avec un culot qui eût desservi beaucoup d'autres. Elle, non, comme si autre chose retenait: une énergie, une conviction, un engagement. Entre la sortie de Truismes et celle de Naissance des fantômes, Marie Darrieussecq, normalienne agrégée, a ainsi trouvé le temps de soutenir avec succès son doctorat de lettres. Sujet: l'autofiction chez quatre écrivains contemporains, Michel Leiris, Georges Perec, Hervé Guibert, Serge Doubrovsky. Chargée de cours à Lille, la romancière a toutefois pris une année sabbatique, se contentant d'animer deux fois par mois un atelier d'écriture à l'université de Paris III. Naissance des fantômes ne décevra pas les défenseurs de Truismes: bien que d'apparence plus classique, ce roman surprend encore par son inventivité et son intranquillité. Sans baisser de régime, Marie Darrieussecq explore cette fois une nouvelle forme de métamorphose: après la femme-truie et les enfants-clones (sujet d'une nouvelle publiée dans la revue l'Infini en 1997), les fantômes, aussi volatils qu'impalpables. Le livre commence com