Dix-huit mois à peine après Truismes, Marie Darrieussecq revient
avec son second roman, Naissance des fantômes, tiré à 40 000 exemplaires, chiffre somme toute prudent après la folie de son coup d'essai: vendu à l'étranger avant même sa parution, Truismes s'est aujourd'hui vendu à 230000 exemplaires en librairie (à quoi il faut ajouter 70000 exemplaires en club) et a été traduit dans 34 pays. Quant à la débutante, elle joua la comédie médiatique avec un culot qui eût desservi beaucoup d'autres. Elle, non, comme si autre chose retenait: une énergie, une conviction, un engagement. Entre la sortie de Truismes et celle de Naissance des fantômes, Marie Darrieussecq, normalienne agrégée, a ainsi trouvé le temps de soutenir avec succès son doctorat de lettres. Sujet: l'autofiction chez quatre écrivains contemporains, Michel Leiris, Georges Perec, Hervé Guibert, Serge Doubrovsky. Chargée de cours à Lille, la romancière a toutefois pris une année sabbatique, se contentant d'animer deux fois par mois un atelier d'écriture à l'université de Paris III. Naissance des fantômes ne décevra pas les défenseurs de Truismes: bien que d'apparence plus classique, ce roman surprend encore par son inventivité et son intranquillité. Sans baisser de régime, Marie Darrieussecq explore cette fois une nouvelle forme de métamorphose: après la femme-truie et les enfants-clones (sujet d'une nouvelle publiée dans la revue l'Infini en 1997), les fantômes, aussi volatils qu'impalpables. Le livre commence com