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Libération
Critique

Le Gaétan savoir. Un inédit posthume de l'historien d'art consacré à Nietzsche que Paul Valadier, lui, étudie sous l'angle du droit et de la justice. Gaétan Picon. Nietzsche, La vérité de la vie intense, Hachette, «Coup-double», 252 pp., 98 F. Paul Valadier. Nietzsche, Cruauté et noblesse du droit. Michalon, 128 pp., 59 F.

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publié le 26 février 1998 à 19h01

Gaétan Picon (1913-1976), aura marqué ce siècle comme une incise:

son oeuvre, essentiellement consacrée à la création artistique, apparut de façon discrète sous forme d'articles publiés dans des revues spécialisées. Raison pour laquelle on ne s'étonnera pas de voir paraître, aujourd'hui, un inédit d'autant plus inattendu qu'il est consacré à Nietzsche. Rédigé en 1935 (Gaétan Picon n'a donc que 22 ans), ce Nietzsche (1) semble être un mémoire universitaire, qui couvre plus de 200 pages imprimées. Marc de Launay, qui en signe la préface, salue l'étonnante maturité de l'auteur: c'est l'époque où le nazisme entend s'approprier la pensée du philosophe allemand, et où en France, Georges Bataille oppose une lecture aussi puissante que personnelle; c'est aussi le moment où la seule traduction française est encore celle de Henri Albert, mais où Geneviève Bianquis s'est d'ores et déjà attelée à la rédaction d'une nouvelle version. Gaétan Picon s'appuie néanmoins sur le seul «monument» stable émergeant de ces sables mouvants: la thèse de Charles Andler, Nietzsche, sa vie et sa pensée (Gallimard, rééd.1958), qu'il commente et s'est visiblement employé à critiquer.

L'essai de Picon fait de Nietzsche le penseur et praticien d'une «sagesse», fondée sur une expérience de la «liberté de l'esprit». Ce qui change dans le ton et le contenu de son oeuvre ne tient qu'à la différence des sujets de réflexion: parle-t-on des vertus «intemporelles» de la connaissance scientifique, et Nietzsche se fera