Gérard Macé est un écrivain dont l'oeuvre entière est écrite en marge
des livres. Du Jardin des langues en 1974, aux deux volumes de Colportage qui paraissent aujourd'hui, ses textes composent le cabinet de curiosités d'un lettré et d'un promeneur, dont le goût pour l'érudition et les dictionnaires mais surtout la disposition pour la flânerie créent des livres qui relèvent plus du récit que du traditionnel livre de lectures. Ce sont des «essais au fil du pinceau», selon la tradition de Tanizaki, des essais «rêveurs et informés» d'un écrivain qui, dit-il, semble n'avoir pas d'autres souvenirs que des souvenirs de lectures.
Gérard Macé est en quête d'épiphanies, il aime les textes comme les villes étrangères, comme Rome, ville vers laquelle on ne fait que revenir. Comme Istanbul où les bus collectifs ne partent que s'ils sont pleins, ou si un voyageur impatient a décidé d'acheter tous les billets. Dans Colportage, Gérard Macé paye la place de Nerval, Baudelaire de Ponge qui lui a révélé le «parti pris des choses», de Michaux, Tardieu, Caillois et Michon. C'est là encore dans le bazar aux épices qu'il a acquis, un livre de compte, «un registre ancien recouvert de toile noire» dont il a fait «le grand livre de la dette» et sur lequel il a consigné les textes qu'il publie aujourd'hui, pour solde de tout «conte».
Pourtant, Macé n'est pas un homme de bibliothèque. «Aux salles de lectures qui rappellent trop la lampe et l'étude, à la salle des catalogues où je me suis perdu deux ou