Qu'est ce que la beat generation? Pas une école en tout cas: il n'y
a pas grand-chose de commun entre la prose d'un Burroughs et celle d'un Corso, entre la posture libertaire d'un Ginsberg et le patriotisme d'un Kerouac. Alors?
Le recueil Vraie Blonde et autres nous montre que Kerouac s'est essayé lui-même à la définition du terme. Juste après la parution et le succès sidérant de Sur la route en 1957, quand le mot est devenu à la mode. Questionné par les journalistes, le Québécois du Massachusetts parle alors de béatitude, mais aussi de types cassés (beaten). Il évoque le be-bop de Charlie Parker et le souffle de Lester Young. Et il écrit: «La beat generation, c'était une vision que nous avions eue, John Clellon Holmes et moi, et Allen Ginsberg, à la fin des années 40, d'une génération de types à la coule illuminés et fous qui, tout à coup, se lèverait pour parcourir l'Amérique, sérieuse, curieuse, clocharde et faisant du stop dans toutes les directions, en loques, béate, d'une laideur belle dans sa grâce et sa nouveauté (une vision glanée au coin des rues à Times Square et dans le Village et dans la nuit des centres-villes de l'Amérique d'après-guerre en entendant la façon dont le mot beat était employé), beat signifiant "à la rue mais plein d'une intense conviction.»
On comprend alors que la beat-generation est avant tout le nom d'une bande de copains qui refusent le cauchemar climatisé, héros collectif des romans autobiographiques de Kerouac, de Sur la route comme de Triste