En écrivant Les petits garçons naissent aussi des étoiles, son
troisième roman, Emmanuel B. Dongala n'imaginait pas que cette farce satirique et tendre sur les moeurs politiques africaines allait dégénérer pour lui et sa famille en véritable drame. Surnommé «Matapari», qui signifie «soucis, tracasseries» ! car sa naissance mouvementée faillit ne jamais avoir lieu -, l'adolescent narrateur du roman est venu au monde le jour du vingtième anniversaire de l'Indépendance d'un pays qui pourrait bien être l'ex-Congo Brazzaville (où Emmanuel B. Dongala est né en 1941): un pays sortant d'une dictature d'inspiration marxiste-léniniste, d'une succession de coups d'état militaires et faisant le difficile apprentissage de la démocratisation. Petit-fils d'un vieux sage et fils d'un instituteur rationaliste et clairvoyant, Matapari décrit en gamin espiègle et faussement innocent les soubresauts tragico-burlesques de la société post-coloniale, depuis les frasques de son oncle, pitoyable victime de ses ambitions politiques, jusqu'aux premières élections libres, foire d'empoigne d'hurluberlus délirants, en passant par la dénonciation des procès politiques truqués de toutes pièces.
Ecrit entre 1993 et 1996, Les petits garçons naissent aussi des étoiles a connu un sombre épilogue, la réalité, une fois de plus, dépassant la fiction. A la fin de l'été 1997, le Congo-Brazzaville, après son voisin le Zaïre, basculait dans la guerre civile, le président Lissouba pourtant en fin de mandat refusant d'or