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Libération
Critique

FRANCE 3, 23H20. «Ce que j'ai vu en Algérie, carnets de route d'André Glucksmann»

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Ce que Glucksmann affirme sur l'Algérie.
publié le 6 mars 1998 à 22h19

«Ils nous ont trahis!» Cette exclamation, lancée du fond d'un cimetière par une villageoise dont la famille a été décimée par un commando d'assassins islamistes est peut-être la clé de ces Carnets de route d'André Glucksmann, filmés en janvier dernier lors du séjour du philosophe en Algérie. Car les «traîtres» que dénonce cette femme sous l'emprise de la douleur, ce sont justement ceux qui sont venus tuer au nom d'une religion vengeresse et qui, il y a peu encore, étaient aidés, renseignés, nourris par une bonne partie de la population du village. C'est un vieux qui raconte, sans fioritures, cette complicité passée: «Les terroristes nous avaient colonisés (avant les massacres). On était sous leur autorité. Mais ils étaient gentils avec nous. Ils ne nous forçaient pas à leur donner à manger.»

Ici, à Sidi Hammed, à quelques kilomètres d'Alger, nous sommes loin de l'image d'Epinal devenue politiquement correcte: celle d'un peuple aspirant à la démocratie mais terrorisé par quelques milliers de tueurs fanatiques. Le fanatisme, certes, est bien là, capable de la plus grande barbarie et des pires raffinements meurtriers. Mais les témoignages ­ même s'ils sont parfois bien confus ­ que nous donne à voir et à entendre Glucksmann, mettent en évidence la complexité d'une situation où le gris et le glauque l'emportent souvent sur le noir et le blanc. Tout comme, d'ailleurs, ils soulignent une nouvelle fois l'absence remarquable de l'armée et du pouvoir militaire qui assiste, depuis Alge