Qu'elles visent à établir une «charte des devoirs de l'humanité» ou
définir «les principales obligations de l'humanité face à la pauvreté, les discriminations de race ou de sexe, la guerre, ainsi que vis-à-vis de l'environnement naturel», les questions morales peuvent être traitées en tant que telles. Il est cependant difficile d'ignorer tout à fait la façon dont les neurosciences ont modifié le questionnement éthique lui-même. Plus que naturelle apparaît donc la «confrontation» entre Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste, président du Comité consultatif national d'éthique, et Paul Ricoeur, dont l'oeuvre philosophique ne s'est jamais départie des problèmes moraux. De cet échange est né Ce qui nous fait penser La nature et la règle. Il semble légitime aujourd'hui de considérer comme dépassé le «clivage entre l'esprit et le cerveau». Les nouvelles connaissances scientifiques autorisent même un certain optimisme sur la possibilité d'une véritable «physique du mental». Sur cinq fronts essentiels, notre siècle a en effet resserré l'observation objective de ce qui singularise cet «animal pensant» qu'on appelle l'être humain. On dispose désormais d'une modélisation plus juste de la double dimension «comportementale» (action sur le monde) et «mentale» (processus réflexif), du fonctionnement psychique. Sur le plan anatomique ensuite, le neurobiologiste a pu mieux identifier les aires corticales concernées par les différentes facultés de représentationet par les divers sens. Au nive