Il faudrait Enki Bilal pour traduire en images l’univers d’Antoine Volodine. Il est fait de déserts, de steppes russes, de jungles américaines, de forêts sud-asiatiques, de décombres de cités bétonnées par des siècles d’idéologie et des polices politiques. Des dazibaos et des néons y enseignent que les «Ruches», les partis ont toujours la situation en main, qu’en un mot: «tout va bien». Vue sur l’Ossuaire et Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze, offrent au lecteur une porte dérobée qui ouvre sur un monde virtuel dotée de son histoire, de sa géographie, de sa musique (1) et de sa littérature.
Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze est un récit, un traité imaginaire. Signé par Antoine Volodine et une communauté d'écrivains il s'agit des narrateurs de ses autres romans: Lisbonne, dernière marge, Alto Solo... ce livre expose, au travers d'une fiction, la poétique qui organise avec humour l'écriture des onze romans parus. «Post-exotisme» est le nom de cette esthétique qui n'a qu'une fonction: éviter la compromission avec les littératures officielles, contrôlées politiquement, résister à la récupération.
Le post-exotisme n'est pas une théorie de plus et, surtout, ne fait pas manifeste. C'est une pratique que Volodine avait baptisée dans Lisbonne, la «Littérature des poubelles» et qui relevait à la fois du polar et de la SF. Littérature SDF, littérature de ghetto au yeux de celle qui se prétend l'unique, «littérature mineure», au sens de Gilles Deleuze, le post-exotisme