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Libération
Interview

«Bienvenue au président du Mexique»

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Etudiant de Roger Bastide à São Paulo, professeur de Cohn-Bendit à Nanterre en 68 , plus connu par Foucault que par Chirac (qui l'a accueilli en se trompant de pays), Fernando Henrique Cardoso n'a pas le profil lambda du chef d'Etat. Rencontre avec un sociologue, président du Brésil.
publié le 19 mars 1998 à 20h25

Brasilia envoyé spécial.

«Ça n'arrive jamais», dit Philippe Lecourtier, l'ambassadeur de France au Brésil, par qui a transité la demande d'interview de Fernando Henrique Cardoso, président du Brésil: en un quart d'heure, l'entretien a été accordé. Sans doute parce que FHC (on l'appelle par ses initiales au Brésil) en a assez de ne répondre qu'à des questions sur la crise asiatique et son éventuelle influence sur le real, la monnaie qu'il a créée pour mettre fin à l'hyperinflation. Et aussi parce qu'il aime parler de sa vie et de ses idées d'intellectuel et de l'importance tenue par la culture française dans sa formation.

Né en 1931, Fernando Henrique Cardoso est étudiant à l'université de São Paulo quand l'influence française y est encore importante (voir colonne). Il a comme professeur Paul Hugon en économie, Martial Guéroult en philosophie, Pierre Monbeig en géographie et, surtout, en sociologie, Roger Bastide dont il va devenir l'assistant. En 1964, lors du coup d'Etat militaire, il quitte son pays pour la France, se liant en particulier avec Alain Touraine, déjà rencontré au Brésil, et enseignant un temps à l'Ecole pratique des hautes études en sciences sociales. «J'ai aussi été invité par Foucault au Collège de France.» Deux de ses livres sont disponibles en français: Dépendance en Amérique latine (avec Enzo Faletto, PUF) et les Idées à leur place (Métailié).

Après la France, il vit au Chili et entre en politique en 1977. Il est élu sénateur de São Paulo en 1982, trois an