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Libération

Brecht des telenovelas. Dias Gomes

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publié le 19 mars 1998 à 20h55

Dias Gomes se demande pourquoi on vient le voir: il n'est pas

traduit en français. Dias Gomes se demande ce qu'il va faire au Salon du Livre. Au Brésil, même malheur, les gens ne le connaissent que comme auteur de «telenovelas», ces feuilletons qui sont branchées sur les réalités sociopolitiques du pays et s'exportent dans le monde entier. Dias Gomes est un peu triste: «Puisque vous n'avez pas lu mon théâtre"» A-t-on au moins vu la Parole donnée, d'Anselmo Duarte, Palme d'Or à Cannes en 1962, adaptée de son drame?" Non? Tant pis.

Dias Gomes était militant communiste. Après 1964, toutes ses pièces ont été interdites par la dictature. La télé lui propose alors d'écrire des feuilletons. «Ça permettait de toucher massivement le public et d'essayer de changer la société.» Le projet brechtien d'un théâtre politique et populaire. Mais pourquoi, alors qu'on lui interdisait de s'adresser à 300 personnes, l'a-t-on laissé travailler pour quarante millions de téléspectateurs? «C'est difficile à comprendre pour un Français. Le Brésil est un pays surréaliste, tout peut arriver!» Pourtant, Dias Gomes n'avait pas cédé d'un iota: ni les personnages, ni les thèmes, ni les idées. De cette contrainte est née un genre nouveau, qui ne ressemble à rien de connu. Aujourd'hui, Dias Gomes est un peu mélancolique. La telenovela dégénère. Il a arrêté. Et il ne croit plus que le théâtre puisse changer la vie. A peine peut-être déchiffrer le monde d'après la chute du mur, «illisible» et «confus». Alors,