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Cabral nobélisable.

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João Cabral de Melo Neto, poète né en 1920, porte l'espoir de la langue portugaise pour décrocher enfin un Nobel.
publié le 19 mars 1998 à 20h55

Aucun auteur de langue portugaise n'a jamais été récompensé par le

prix Nobel de littérature. On a cru à un époque que Jorge Amado comblerait cette anomalie, mais c'est aujourd'hui sur João Cabral de Melo Neto que les Brésiliens ont reporté leurs espoirs (faute de quoi, ils craignent que ce soit José Saramago, un Portugais, qui soit honoré le premier). Né en 1920 à Recife, dans l'Etat de Pernambouc, João Cabral, qui a fait sa carrière professionnelle dans la diplomatie, est un poète qui écrivit son premier recueil à 20 ans. Son travail, d'une grande sobriété, est un mélange de recherche formelle et de critique sociale non dénué d'humour. Il peut faire de Georges Bernanos, Clarice Lispector ou Ariano Suassuna, qu'il a connus, le sujet d'un poème. Les éditions Chandeigne viennent de publier une Anthologie de la littérature brésilienne, bilingue, qui lui fait une bonne place: «La ville est traversée par le fleuve/ comme une rue/ est traversée par un chien;/ ou un fruit/ par une épée.» Diverses variations sur ce thème amènent le poème à cette fin: «Epais,/ car la vie où l'on se bat/ chaque jour/ est de plus en plus épaisse./ Ce jour que l'on gagne/ chaque jour/ (comme un oiseau/ qui à chaque seconde/ conquiert son vol).»

João Cabral a été l'ami de Joan Miró sur lequel il a écrit un essai. Il est aussi proche d'Antoni Tapiès. Celui des cinq sens qu'il développe le plus dans son travail est la vision, tandis que, depuis toujours, il voue un souverain mépris, peu courant au Brésil, à