Il serait cocasse qu'au théoricien de la «déterritorialisation» l'on assignât une «résidence», en l'inscrivant dans un courant de pensée ou, pire, dans une tradition nationale. A l'instar de tous les grands philosophes, Gilles Deleuze n'a pas de «patrie»: aussi est-il vain, sous prétexte qu'elles se sont déroulées à Rio de Janeiro et à São Paulo, d'attendre des «Rencontres internationales Gilles Deleuze», dont est issu Gilles Deleuze, une vie philosophique, qu'elles exhibent un Deleuze «brésilien». Dès la Présentation où il est question d'«une immanence absolue, ontologique, et non phénoménologique ou critique (") qui, à exprimer sa déterminabilité comme une vie singulière où l'indétermination de la personne suppose la détermination pré-individuelle du singulier, exclut aussi toute transcendance de l'être fût elle immanente à une subjectivité transcendantale» on comprend d'ailleurs assez vite qu'on ne sera pas dépaysé.
Le volume est divisé en quatre grands volets: «Variations philosophiques», «Histoire et devenir de la philosophie», «Politique et clinique» et «Variétés esthétiques». Dans les deux premiers, est exploré, d'un point de vue strictement philosophique, le «labyrinthe» de la pensée de Deleuze, qu'une «lecture trop fraîche», comme le dit Arnaud Villani, prend pour une «machine à dérouter», et qu'on conçoit plutôt, ensuite, comme «machine à orienter». Qu'elles prêtent une attention particulière (René Schérer, Giorgio Agamben) au dernier texte publié de Deleuze,