São Paulo envoyé spécial,
En 1986, Luis Schwarcz a 30 ans. Il travaille pour la maison d'édition Brasilienses, mais le système existant, qui consiste à financer une petite production d'élite par des ventes grand public, ne le satisfait pas. Il décide donc de créer sa propre maison pour diffuser les textes qu'il aime à grande échelle. «Soit tu vas faire faillite, soit tu as très mauvais goût» le taquine un de ses amis. Mais l'idée est si neuve que, six mois avant la première parution, Companhia das Letras se retrouve sous les projecteurs de la presse. Ce succès un peu prématuré angoisse Luis Schwarcz, à tel point qu'il quitte la foire de Francfort pour cause d'appendicite" Son premier ouvrage, la Gare de Finlande de l'Américain Edmund Wilson, sort en effet la semaine suivante. Il est bien accueilli par la critique.
Même si Luis Schwarcz diffuse aujourd'hui aussi des best-sellers comme Jô Soares ou Patricía Melo (qui ne font pas dans la dentelle), tout le monde s'accorde à dire ici que, compte tenu de l'absence de marché (dix millions seulement de lecteurs potentiels, beaucoup moins d'acheteurs encore, concentrés à 60% à Rio et São Paulo), il a presque réussi son pari. Sa maison a bénéficié dans la dernière décennie de l'engouement du public pour les romanciers nationaux et il possède à son catalogue les plus novateurs du moment: Chico Buarque, Bernardo Carvalho, Paulo Lins, et de vieux routards de qualité comme Raduan Nassar, Rubem Fonseca ou Moacyr Scliar. Schwarcz publie égal