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Libération
Critique

Les guérilleros sont sur le Net.

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Du droit à la fumette au droit au téléphone, Fernando Gabeira lutte pour les libertés individuelles. Portrait d'un ex-guérillero, député écolo et emmerdeur professionnel.
publié le 19 mars 1998 à 20h24

Rio envoyé spécial

Quand la tempête du soir est finie, les rues sont noyées et les maisons aussi. «On va s'installer ici, parce que là-haut c'est inondé», prévient Fernando Gabeira en désignant le salon du rez-de-chaussée. A côté de la chaîne hi-fi, on reconnaît le dernier Björk, le Verve du moment et Achtung Baby de U2. Est-ce bien sérieux pour un élu de 57 ans? Le lutin chenu au look new age rigole: «Ici, c'est l'Amérique! Il y a une attirance un peu naïve pour la nouveauté. Moi-même"»

En septembre 1969, il participe à l'enlèvement de l'ambassadeur des Etats-Unis. Il passe quatre mois au «frigidaire», c'est-à-dire caché, chez des sympathisantes de Rio. Là, le lecteur du Deuxième Sexe découvre «l'imbécillité de la vie d'une femme au foyer». Il est finalement capturé début janvier 1970, mais touché d'une balle dans le dos, il est expédié dans un hôpital militaire où on l'interroge en l'intimidant, en jouant avec sa sonde urétrale. Puis c'est la prison, la torture à l'électricité et la libération inattendue, en juin de la même année, grâce à un échange de prisonniers contre l'ambassadeur de RFA, fraîchement enlevé. Voilà ce que Les guérilleros sont fatigués raconte. Presque vingt ans après sa première parution brésilienne, le livre sort en poche. Quant à l'adaptation Four Days in September de Bruno Barreto, nominée pour l'oscar du meilleur film étranger, Gabeira n'y a pas collaboré.

Ce formidable témoignage vaut surtout par son humour et la raillerie délibérée des idéaux marxist