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Libération
Interview

Lins mania.

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Noir et «favelado», Paulo Lins est, avec un roman qui scrute la misère de l'intérieur, le nom à la mode de la littérature brésilienne. Rencontre caféinée avec un prospère ingénu.
publié le 19 mars 1998 à 20h24

Rio de Janeiro envoyé spécial

Chez Paulo Lins, il n'y a pas de gardien. Non, mais il y a un jardin. Chez Paulo Lins, personne ne vous demande en hurlant qui vous êtes et qui vous venez voir avant de mollement vous annoncer par téléphone et de vous ouvrir la grille. On descend un escalier extérieur, c'est au sous-sol, des fleurs entrent par les fenêtres. Chez Paulo Lins, quand on arrive à dix heures du matin, on le réveille (il avait oublié le rendez-vous). Les yeux bouffis, il vous propose un café en portugais, il ne parle aucune autre langue, il téléphone à un copain qui fera l'interprète, c'est Mauro Pinheiro, écrivain que la critique surnomme «le Kerouac brésilien». «Mais ils fument encore plus de beu dans le roman de Paulo que dans les miens», note Mauro. Le petit frère de Paulo, furax d'avoir été réveillé, se douche et se casse.

A 40 ans, cet écrivain noir a été repéré avec son premier roman, Cidade de Deus (Cité de Dieu), comme un des plus doués de sa génération. Il a une pile d'un mètre de haut de classeurs, tous pleins d'articles sur lui et ça l'amuse. Comme il n'est pas traduit en français, il faudra s'en remettre aux appréciations brésiliennes. Mauro est un fan de la première heure: «Pour moi, c'est une sorte de classique. Il a réussi à rendre la langue orale des favelas. Il a renouvelé la syntaxe, c'est très poétique.»

De quoi parle votre roman?

Ce n'est pas un livre à la première personne. C'est la vie des gens que j'ai connus à l'époque dans ce quartier de Rio, la