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Libération
Critique

Ribeiro a ri.

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On le croyait académicien bon vivant, styliste exubérant et satiriste talentueux. On découvre un homme souffrant et inquiet pour son pays.
publié le 19 mars 1998 à 20h54

Rio de Janeiro, envoyé spécial

Au premier étage de la librairie «Letras et expressões», les intellos d'Ipanema se retrouvent au Café João Ubaldo, décoré de la bouille rieuse du très populaire écrivain, dont le dernier roman cartonne en ce moment à 50 000 exemplaires. En bas, on peut acheter des journaux et des magazines comme Cult, revue littéraire qui fait sa couverture sur une caricature carnavalesque de Ribeiro, et Istoé, un hebdo généraliste. Là, gros titre, la photo du même homme ne rit plus: «Alcoolisme: je ne pouvais pas continuer à sombrer. Je me soigne.»

De fait, c'est un être visiblement ralenti qui nous accueille dans son bureau, s'excusant du désordre qui y règne. L'entretien se fera en anglais, «étrange schizophrénie, déplore-t-il, alors que nos langues maternelles sont cousines». Ce regret constitue d'ailleurs l'essentiel du Sourire du lézard: «C'est un livre sur la corruption et le nouveau colonialisme. Le personnage de Nemesio, qui appartient à l'élite, déteste son pays. Ironiquement, les seules choses valables dans le livre sont américaines. Et regardez ici, à Ipenama, à Leblon, tout est "drinks, "juices, "new shop"» La satire socio-politique n'est pas un élément nouveau dans l'oeuvre de Ribeiro: «Je suis prof de sciences politiques. Déformation professionnelle.» Il est même allé jusqu'à écrire un manuel scolaire en 1981. «Ma belle-soeur me harcelait de questions sur la démocratie, les Etats, etc. Un jour, dans un bar, j'étais avec Sergio Lacerda, mon ancien