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Libération

São Philo. Bento Prado et Paulo Arantes.

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publié le 19 mars 1998 à 20h54

Pour Bento Prado et Paulo Arantes, qui enseignent l'histoire de la

philosophie depuis le début de l'ouverture du régime en 1974, respectivement à l'Université catholique de São Carlos et à l'USP (Université de São Paulo), ce récent amour de la sagesse s'explique par le rôle des philosophes dans l'accès du Brésil à la démocratie.

Ils en ont même un peu assez. «La presse nous sollicite sans arrêt pour parler de tout et de n'importe quoi.» C'est ainsi qu'un journal national comparable au Monde publiait récemment dans son supplément culturel quotidien une conférence de Prado sur Deleuze. «Ou alors c'est trente pages de colloque sur Rorty, un numéro spécial sur Wittgenstein"» Du jamais vu nulle part ailleurs.

Tout commence entre 1934 et 1937. Des universitaires français (Bastide, Monbeig, Levi-Strauss, Braudel, etc.) fondent la faculté de São Paulo. La philo n'y prend vraiment son élan que dans les années 60. C'est l'époque où Michel Foucault, visitant ses confrères de l'USP, s'exclame «C'est un département français d'outre-mer!», tant on se croirait dans une fac hexagonale. Puis la dictature vient et Prado est mis à la retraite en 1969. Il a 32 ans. Il s'exile à Paris, comme Paulo Arantes, qui poursuit le récit dans un français parfait: «Lorsque je suis rentré, le pays commençait à bouger: que pouvaient les philosophes? Parmi eux, J.A. Giannotti . Il exerçait une influence énorme sur les intellectuels de gauche. Aujourd'hui, il conseille le président de la République.» A cette épo