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Interview

«Tu te sens Jeanne d'Arc?». A 89 ans, Rachel de Queiroz connaît l'académie, la prison et pas mal de monde. Elle dit ce qu'elle en pense.

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publié le 19 mars 1998 à 20h55

Rio de Janeiro envoyé spécial.

Les immeubles brésiliens portent souvent un nom et celui, à deux pas de la plage de Leblon, où vit l'auteur de l'Année de la grande sécheresse (traduit chez Stock et dont le titre brésilien est juste O Quinze, parce que le roman se déroule durant la grande sécheresse de 1915) et de Maria Moura (Métailié) s'appelle Edificio Rachel de Queiroz, «un hommage de mes voisins». Née en 1909 dans le Nordeste, elle fut la première académicienne brésilienne (trois mois avant que Marguerite Yourcenar n'entre à l'Académie française): «Ce n'est pas ma faute. Tous mes amis, mes compagnons de génération, y étaient déjà parce que c'étaient des hommes. Ils ont voulu que je les rejoigne.» Avec franc-parler, elle évoque plus volontiers (en français) son passé que la littérature proprement dite.

Comment avez-vous commencé à écrire?

Très jeune. A 20 ans, j'ai publié l'Année de la grande sécheresse. J'ai été journaliste à 16 ans, dans un journal de Ceara dirigé par un ami de mon père. J'écrivais des chroniques, des articles politiques. Je le fais toujours: quand j'ai en ai marre d'un Président ou d'un ministre, je dis ce que je pense. «Tu es un animal politique», me disait mon père. J'adore ça. J'ai eu des amis présidents et ministres, mais je n'ai jamais accepté de charge, je n'ai pas à faire une kcarrière politique. Je suis écrivain, journaliste, et ça me suffit. J'ai aussi vécu de traductions pendant quarante ans. Maintenant, les livres se vendent de plus en plus. J'a