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Libération
Critique

Deux autres plongées dans la culture populaire : La cause du peuple.

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publié le 26 mars 1998 à 21h28

Publié initialement en 1981 et réédité aujourd'hui par Fayard, le

Peuple de Paris de Daniel Roche fut un livre important, l'un des premiers qui vit l'historiographie française verser progressivement du tout économique et social aux perspectives alors neuves de l'anthropologie sociale de la culture. L'ouvrage, qui s'attachait à dégager «l'identité spécifique d'une classe qui se constitue», celle des travailleurs parisiens du XVIIIe siècle, conservait de la tradition des années Braudel et Labrousse son approche en terme de classe et surtout son assise quantitative, puisqu'il s'adossait à un large dépouillement d'archives notariales (400 inventaires après décès), sondées à divers moment du siècle. Mais, outre qu'elles étaient d'abord mobilisées pour «répertorier des objets» interrogés «du point de vue de la consommation», ces sources y étaient en permanence confrontées à d'autres, notamment littéraires ou normatives (Sébastien Mercier, Restif de la Bretonne). Surtout, s'il se montrait soucieux de «concilier l'analyse économique et sociale ­donc partir de l'économique ­avec celle des comportements culturels», l'auteur entendait bien ne pas déduire les seconds du premier, insistant au contraire sur les rationalités propres au registre culturel. En résultait un livre riche et contrasté où le peuple, assimilé ici aux classes laborieuses du salariat et de la domesticité (une masse d'environ 400 000 personnes, les deux tiers peut-être de la population de la ville) était interrogé sur