Menu
Libération

Face aux Piles. Statures de commandeurs. Régis Debray. Par amour de l'art. Gallimard. 474pp., 130F. Jorge Semprun. Adieu, vive clarté... Gallimard. 249pp., 120F.

Article réservé aux abonnés
publié le 26 mars 1998 à 21h29

Puis vient le temps des mémoires, qui sonne comme un glas. Au

crépuscule de son âge, le «grand écrivain», après la meute des romans, ces chiens courants de la vie, lâche le loup de l'autobiographie. Ça se fait, par ces temps d'indigence fictionnelle, de plus en plus tôt, mais chez un Debray ou un Semprun, ça vient naturellement, comme le prolongement naturel d'une oeuvre qui serait ailleurs; comprendre qu'à ces figures qui traversèrent notre contemporanéité, l'onction de la littérature est octroyée en sus, comme un ruban rose pour emballer une vie édifiante. Las! La littérature (1), ici, n'a de fonction qu'ornementale.

Avec Par amour de l'art, son éducation intellectuelle, Debray boucle sa boucle en achevant la trilogie dont les Masques (une éducation amoureuse) (2) et Loués soient nos seigneurs (une éducation politique) constituèrent les deux premiers volets. Ce faisant, il semble encore préparer (répéter, dirait-on d'un comédien) toujours le même grand oral, la synthèse éperdue d'une vie dont l'essence serait à chercher dans les coutures de toutes ses vies: le normalien, le guérillero, le conseiller; le, disons, marxiste, le social-démocrate, le néogaulliste; le philosophe, l'écrivain, le médiologue, etc.) ­ car l'homme ressort à chaque fois des trois catégories, et d'une infinité de sous-autres. Ce dernier volume aussi. Essai? «oeuvre littéraire», comme le suggère, dans la rubrique «du même auteur», l'impossible penser-classer (3) de la production debraysienne? Le titre sem