Le 1er juillet dernier, le philosophe italien Toni Negri, condamné par contumace et exilé en France depuis quatorze ans, décide de rentrer en Italie où il est arrêté dès sa descente d’avion à Rome. Ancien théoricien de l’extrême gauche italienne âgé de 65 ans, Toni Negri est décidé à faire de son cas le symbole de la «logique de vengeance perverse» qui anime toujours l’Etat italien à l’égard des anciens gauchistes des années 70 et à «imposer» une solution politique à ce problème: aujourd’hui, vingt ans après la répression qui avait abouti à 6400 condamnations, 200 militants se trouvent encore en prison et 180 sont en exil. Neuf mois après son retour, Toni Negri, qui a déjà fait cinq ans de prison préventive avant de se réfugier en France en 1983, est toujours incarcéré et la justice italienne vient de refuser sa mise en liberté provisoire, malgré un appel pour sa libération signé par 1700 personnes à travers le monde.Depuis sa prison romaine, Toni Negri nous envoie aujourd’hui Exil, brève suite de fragments philosophiques et politiques rédigés en cellule à partir de conversations menées avec ses amis parisiens en juin dernier, juste avant son départ pour l’Italie. «En réalité, je ne pense pas qu’il y ait une différence si essentielle entre la prison et le reste de la vie. La vie est une prison quand on ne la construit pas, et quand le temps de la vie n’est pas appréhendé librement.» D’emblée, Toni Negri réfute l’accusation de masochisme que sa décision aurait pu entraîner et
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publié le 2 avril 1998 à 0h11
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