Il est des chiffres qui pourraient ne pas messeoir à Serge Leclaire.
Le un l'indiquerait comme «premier lacanien», et dirait, au choix, qu'il fut le premier à l'être, lacanien, ou que, de tous les lacaniens, il est le numéro un. Le deux évoquerait la saison de sa plus forte popularité: le Psy-Show de Pascale Breugnot, sur Antenne 2, le hourvari qu'il suscita, les lazzis que de ses confrères parfois il s'attira. Le trois rappellerait son rôle «historique» dans l'institution: François Perrier, Wladimir Granoff et lui formaient «la Troïka». Mais, de ces chiffres, Serge Leclaire n'en eût assurément choisi aucun. «Il préférait l'espace de l'entre-deux, qui pour lui était la véritable façon de compter jusqu'à trois» (1).
De Serge Leclaire on publie Ecrits pour la psychanalyse, deux volumes qui colligent articles, conférences et entretiens, parfois inédits, allant de 1954, époque où il entre à la Société française de psychanalyse, à 1994, année de parution, quelques mois avant sa mort, survenue le 8 août, de «La psychose serait-elle une maladie auto-immune?». En plus de marquer quelques scansions théorique, un tel recueil a évidemment valeur d'hommage. A l'une des figures centrales de la psychanalyse française, sinon à son meilleur clinicien, dont l'itinéraire épouse tous les soubresauts du mouvement analytique. Mais également à un homme qui, par la passion et le sérieux qu'il mettait dans son travail, sa tenue, son caractère fondamentalement tolérant, sut toujours, malgré les polémi