Faradj Sarkouhi est un peu un Salman Rushdie de l'intérieur.
Originaire de Chiraz, ce critique et rédacteur en chef de la revue Adineh, âgé de 50 ans, a d'abord connu les prisons du Chah. Condamné à quinze ans pour activités politiques , il est libéré huit ans plus tard grâce à la révolution. De cette liberté, il n'en profitera que de 1979 à 81, date à laquelle il ne peut plus écrire. En 1987, il rejoint Adineh. On le retrouve parmi les initiateurs de «l'appel des 134», texte par lequel les intellectuels demandent, en 1994 la levée de la censure et le droit pour les écrivains de «se constituer en une association indépendante». Répression et intimidation visent les signataires. Cible principale, Sarkouhi est «enlevé» en novembre 1996 à l'aéroport de Téhéran alors qu'il part rejoindre sa famille en Allemagne. Comme il l'expliquera dans une lettre (Libération , 13 /2/ 1997), les services secrets iraniens veulent faire porter à Bonn la responsabilité de sa disparition et nient sa présence en Iran. Il reconnaît avoir été contraint à de faux aveux télévisés: «Ils me battaient pour que je me comporte de la façon la plus naturelle devant la caméra (...) je ne cherche pas à me disculper mais, sous les contraintes morales et physiques, je suis arrivé à bout de mes forces. On m'a anéanti. J'avais tout simplement envie qu'on en finisse le plus rapidement et qu'ils me tuent (...) pour être délivré de mes supplices et de la folie.» Détenu 47 jours dans un «cachot secret», il réapparaît mi