«J'ai écrit en tant que journaliste, non pas des écrits, mais des
non-écrits. (...) J'écris dans les interlignes pour que ceux qui savent lire dans les espaces blancs, lisent le non-écrit. J'ai vécu les modes d'écriture, à l'aide desquels il serait possible d'écrire les événements importants, les opinions existantes, les réalités interdites de mon pays, tout en échappant à la lame tranchante de la censure. J'ai appris à écrire sur la mort des écrivains, des poètes et des intellectuels dont parler aboutit à des impasses, des voies sans issues. Je connais les lignes rouges dont l'ignorance pourrait entraîner des souvenirs mortels. Je sais des réalités dont parler a pour conséquences l'emprisonnement, la torture, les aveux infligés, les accusations de toute sorte, voire la mort. »Mais, je connais également l'espoir historique de mon peuple dont le rêve de toujours est une société libre et émancipée de la nécessité et des despotes. Il a vécu depuis un siècle ce rêve d'une société libérée. Même s'il a essayé, à trois reprises, de prononcer avec précision, dans son rêve éveillé, le mot magique de liberté, il en a payé, à chaque fois, le prix par le sang de ses jeunes. J'ai vécu mot à mot les frontières de la censure. Je connais les groupes de pression officiels qui créent des espaces de craintes, d'intimidations et de menaces et imposent l'autocensure au journaliste et à l'écrivain. C'est pourquoi, vivent dans chaque journaliste et écrivain iranien deux personnages différents.