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Critique

Ma Chine à écrire

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Simon Leys, l'auteur des «Habits neufs du président Mao» fut le premier à dessiller les yeux des gauchistes sur le régime de Pékin. Réédition de tous ses écrits sur la Chine et publication d'un recueil sur l'empire du Milieu, la traduction et la littérature.
publié le 9 avril 1998 à 0h38
(mis à jour le 9 avril 1998 à 0h38)

Depuis trente ans, Simon Leys ­ de son vrai nom Pierre Ryckmans, né en Belgique en 1935 ­ est devenu l'observateur le plus averti des événements secouant la Chine communiste. Parmi les premiers, sinon le premier, il a dénoncé le tour tragique pris par la Révolution culturelle dans les années 60. Tout autant, il a fustigé l'aveuglement d'une grande partie de l'opinion occidentale devant les cri-mes maoïstes. Bien isolé au départ, mais raffermi par la lecture de son maître George Orwell (à qui il a consacré son ouvrage Orwell ou l'horreur de la politique), il s'est obstiné livre après livre (les Habits neufs du président Mao, 1971; Ombres chinoises, 1974; Images brisées, 1976) à décrire la noire réalité de la Chine rouge. Ces ouvrages ont en leur temps grandement contribué à dessiller les yeux des gauchistes français qu'exaltait encore la mythologie des gardes rouges. Pour cela, et malgré son éloignement (il a occupé la chaire d'études chinoises à l'université de Sydney jusqu'en 1995, et vit désormais à Canberra où il se consacre entièrement à ses propres travaux), Simon Leys n'a pas hésité à ferrailler avec les plus célèbres zélateurs du régime, qu'ils appartiennent à l'intelligentsia (Barthes, Sollers...), à l'establishment (Alain Peyrefitte, Han Suyin) ou encore à cette nouvelle catégorie dite des experts. Après les massacres de Pékin en juin 1989, Simon Leys, qui a vu, pendant la Révolution culturelle, les cadavres de Chinois amenés par les courants jusque dans la baie de