Un jeune homme de vingt-sept ans est accusé d'avoir tué son rival,
jeune homosexuel avec qui il a eu une liaison et qu'il a surpris en train de faire l'amour avec sa maîtresse. Est-il coupable, y compris de préméditation, comme le pense le juge? Récit d'un crime passionnel et d'un procès, l'Arme domestique, vingtième roman de la Sud-Africaine Nadine Gordimer, n'est pas pour autant un roman policier: tout est connu dès le début, mais le roman progresse, dramatiquement, à travers le regard angoissé des parents du jeune meurtrier présumé, soudain affrontés à un réel inconnu d'eux jusqu'alors (la violence, la justice, la prison). Roman post-apartheid, qui se déroule en 1996, l'Arme domestique est l'occasion pour le prix Nobel de littérature 1991 de mettre en relief quelques-uns des aspects de la situation de son pays. Claudia et Harald Lindgard, ses deux personnages, sont Blancs, bourgeois, libéraux; leur vie, très protégée et non dénuée de préjugés, n'a pas changé depuis 1994, mais le crime dont est accusé leur fils Duncan agit comme un révélateur: l'avocat de leur fils est noir, cela les déroute, et ils s'inquiètent du débat autour de l'abolition de la peine de mort, qui, jusqu'ici, ne les passionnait pas. Ils prennent aussi la mesure de la violence de leur société, entre les maisons des Blancs bourrées d'armes à feu et une criminalité urbaine galopante. Ils ouvrent les yeux non seulement sur la véritable vie de leur fils (que sait-on jamais de ses enfants?) et sur leur propre