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Libération

Les petits pavés de Bourdieu

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A la tête d'un réseau de chercheurs, de revues et maintenant d'une maison d'édition, le sociologue Pierre Bourdieu veut se servir du travail scientifique comme d'une arme politique. Cibles, le néolibéralisme et les médias. Du militantisme de poche dans l'air du temps.
publié le 16 avril 1998 à 22h54

Ce sont des petits livres à chaud sur des sujets chauds, d'allure

élégante et coûtant 30 francs. Leur arrivée en librairie n'est pas passée inaperçue: sur trois titres à peine parus en un an, deux on fait un tabac. Publié en janvier 1997, Sur la télévision, de Pierre Bourdieu, s'attaquait à cet «instrument d'oppression symbolique» que constitue, selon lui, le petit écran et dénonçait le «danger très grand» qu'il fait courir non seulement à la sphère culturelle mais aussi à la vie politique et jusqu'à la démocratie. Discuté, approuvé, réfuté, l'ouvrage incisif du sociologue se vend à 95 000 exemplaires. Neuf mois plus tard, après un ouvrage collectif sur la crise universitaire (Areser, Quelques diagnostics et remèdes urgents pour une université en péril), les Nouveaux Chiens de garde, de Serge Halimi, amplifie cette critique frontale de la société médiatique: 135 000 exemplaires vendus, et une grande controverse autour du livre (lire ci-après). Ces jours-ci enfin, paraissent les deux nouveaux titres de cette maison d'édition, au nom un peu obscur «Liber/Raisons d'agir»: une analyse collective du Décembre des intellectuels français et un nouveau Bourdieu, Contre-feux, qui rassemble la plupart de ses récentes interventions dans le débat public (lire ci-après).

Succès conjoncturel ou véritable attente du public? Dans son bureau moderne et lumineux du Collège de France, Pierre Bourdieu, le maître d'oeuvre de l'entreprise, ne semble pas surpris outre mesure par ce démarrage tonitrua